Introduction

Comment digitaliser la sûreté dans un environnement aussi sensible et réglementé que le fret aérien ?

Depuis plus de quinze ans, Air France Cargo et Ozion co-développent des solutions digitales pour renforcer la traçabilité des opérations, la conformité réglementaire et la performance des équipes de sûreté sur le site cargo de Roissy.

Avec la solution EVA, Air France Cargo a fait le choix d’abandonner les processus papier au profit d’une traçabilité numérique complète, tout en valorisant le travail des agents et en assurant une continuité opérationnelle, même lors des changements de prestataire.

Dans ce témoignage, Xavier Bryche, Responsable Sûreté France-DOM, échange avec Daniel Moreno, Directeur d’EVA Solutions chez Ozion, pour revenir sur cette collaboration et sur les bénéfices concrets obtenus.

Entretien

Daniel Moreno :

Pouvez-vous nous rappeler dans quel contexte la collaboration entre Air France et Ozion a commencé ?

Xavier Bryche :
L’objectif était de développer des fonctionnalités encore inédites à l’époque : tracer électroniquement certaines mesures de sûreté sur le site d’Air France Cargo et mettre en place une main courante électronique pour remonter et historiser les événements de sûreté et de sécurité.

Je suis arrivé en 2010, et depuis, le partenariat n’a cessé de se renforcer.
Au fil des années, nous avons partagé beaucoup d’idées, parfois concrétisées, parfois mises en pause selon les priorités.
Dans un domaine aussi normé que la sûreté aérienne, l’innovation est indispensable : elle nous permet d’appliquer les mesures plus efficacement, de remplacer le papier et d’accompagner les équipes terrain avec des outils adaptés à la réglementation comme à leur réalité industrielle.

Aujourd’hui, dans un environnement aussi complexe que le fret aérien, travailler « à la gomme et au crayon » n’a plus de sens.
J’ai voulu poursuivre la démarche engagée par mes prédécesseurs : consolider ce que nous avions construit plutôt que de tout reconstruire.

Ce dispositif nous rend désormais indépendants des prestataires.
Les contrats changent tous les cinq ans, mais le socle technologique, les données et les méthodes demeurent. Lorsqu’un nouveau prestataire arrive, tout est opérationnel en quelques heures.
La réglementation impose la reprise du personnel, ce qui garantit une vraie continuité humaine et technique.

C’était mon objectif : concilier conformité, confort opérationnel et indépendance.

Daniel Moreno :
Vous évoquez la complexité réglementaire. Comment cette réglementation rend-elle le métier aussi exigeant ?

Xavier Bryche :
Nous devons appliquer un règlement européen complété par des textes français — arrêtés, Code de l’Aviation Civile, Code des Transports… Cela représente douze grands domaines réglementaires, dont sept s’appliquent ici, sur le site Cargo.
Chaque domaine impose ses propres mesures : fret, bagages, personnel, aéronefs, etc.

Il est donc indispensable de disposer d’outils numériques capables de suivre et d’accompagner ces exigences.
Les solutions que nous avons développées nous apportent stabilité et continuité, même lorsque les responsables changent.
Nous sommes contrôlés très régulièrement, parfois quotidiennement, et ces outils renforcent notre fiabilité.
C’est valorisant de présenter des fonctionnalités dématérialisées souvent inexistantes ailleurs.

L’outil réduit les risques d’erreur humaine — et dans ce métier, l’erreur n’est pas une option.

Daniel Moreno :
Comment s’est construite cette relation de confiance et de co-développement avec Ozion et la solution EVA ?

Xavier Bryche :
Dans ce domaine, tout repose sur la confiance.
Je ne suis pas partisan du multi-prestataires : plus on multiplie les fournisseurs, plus on fragilise la cohérence et la cybersécurité.
Il faut un partenaire stable, fiable, capable de durer.

Changer pour changer n’a aucun sens. Comme dans toute collaboration, il y a des réussites et des ajustements, mais tant que le dialogue et la constance demeurent, on avance.
Ce que j’apprécie avec Ozion, c’est cette proximité, cette continuité, même dans les périodes calmes.

Et ces dernières années, avec l’accélération des besoins, nous avons franchi un cap dans la rigueur, la traçabilité et le confort de travail pour les agents.

Daniel Moreno :
Quels développements vous ont le plus marqué dans cette évolution ?

Xavier Bryche :
Nous avons commencé par la main courante et la traçabilité des événements.
Puis, nous avons intégré la gestion des rondes — sûreté, sécurité incendie, intégrité des locaux.
Enfin, plus récemment, nous avons déployé la gestion des titres de circulation accompagnés, en réponse à l’évolution de la réglementation.

Ces fonctionnalités sont entièrement paramétrables selon les arrêtés en vigueur.
C’est une vraie fierté collective.

Et il s’agit d’une première numérique : un ensemble totalement convergé qui crée un véritable compagnon de sûreté pour les collaborateurs.
Cette convergence garantit une sûreté optimale, une maîtrise totale de la réglementation et une réduction significative des risques.
Le gain de temps est immense, mais surtout, le niveau global de sûreté s’est élevé, nous permettant de concentrer nos efforts sur des sujets à forte valeur ajoutée.

Daniel Moreno :
Concrètement, comment EVA améliore-t-elle la performance et la sérénité des équipes ?

Xavier Bryche :
Les modules développés nous permettent de ne plus nous soucier des fondamentaux réglementaires.
Les équipes gagnent en autonomie et en confiance.
Lors des audits ou contrôles, tout est prêt, tout est tracé, ce qui facilite la préparation et réduit le stress.

L’outil valorise le travail des agents et fidélise les équipes.
En leur apportant clarté et simplicité, on renforce aussi la cohésion humaine — et c’est, à mes yeux, l’apport le plus précieux.

Daniel Moreno :
Comment percevez-vous l’avenir de la digitalisation et du pilotage des opérations de sûreté ?

Xavier Bryche :
L’intelligence artificielle va transformer beaucoup d’aspects, mais l’humain restera central.
Les outils comme EVA continueront à jouer un rôle clé : modéliser, tracer, accompagner.
La réglementation fixe les obligations, mais pas la manière d’y répondre — c’est là que l’innovation fait la différence.

Daniel Moreno :
Quel message aimeriez-vous transmettre à vos confrères responsables sûreté en zone réservée ou en fret aérien ?

Xavier Bryche :
Dans nos associations métiers, nous échangeons beaucoup.
Nous partageons nos pratiques, nos expériences, nos outils — sans forcément tout dévoiler.
Ce métier exige d’avoir toujours un cran d’avance : anticiper, ressentir, être prêt quand les évolutions arrivent.

Les outils développés ensemble nous rendent plus réactifs, plus compétitifs, et valorisent à la fois notre site et nos partenaires.
Je ne considère pas Ozion comme un prestataire, mais comme un véritable partenaire.
Dans ce domaine, on ne réussit que dans la durée, avec confiance et constance.

Daniel Moreno :
Cela fait maintenant plus de quinze ans que vous travaillez avec Ozion. Que retenez-vous de cette aventure humaine et technologique ?

Xavier Bryche :
Avant tout, la solidité du lien.
C’est rare aujourd’hui d’avoir une telle continuité humaine et professionnelle.
Votre écoute, votre patience et votre capacité d’adaptation ont été déterminantes.

Le métier de responsable sûreté est exigeant, parfois méconnu, mais passionnant.
Il faut aimer les imprévus et savoir les gérer. Ici, on ne s’ennuie jamais : chaque jour est différent.

Nous préparons déjà les projets des cinq à dix prochaines années pour le fret à Roissy, où la sûreté sera, comme toujours, pleinement impliquée.
C’est un métier nourrissant, enrichissant, qui pousse à innover.
Et j’espère que cette belle aventure humaine et professionnelle se poursuivra encore longtemps.

Conclusion

Ce témoignage montre que la digitalisation de la sûreté peut devenir un véritable levier de performance :

  • réduction des erreurs,

  • continuité opérationnelle,

  • valorisation des équipes,

  • sérénité lors des audits.

Air France Cargo l’a fait — avec Ozion.

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